Décryptage storytelling spot disney octopus boy

Leçon de storytelling publicitaire avec Disney

C’est peut-être tricher que de prendre en exemple l’incroyable machine à créer des histoires qu’est Disney. C’est vrai. Mais revenir aux basiques ne fait pas de mal. D’ailleurs, c’est peu ou prou ce que nous démontre le dernier spots pour Noël réalisé par la marque. On regarde et on décortique pour comprendre pourquoi ça marche.

Ceci n’est pas une pub, mais une histoire


Pour ce spot de 4 minutes, Disney fait appel à l’agence adam&eveDDB avec Taika Waititi à la réalisation. Ce qui est nommé sur le Youtube de Disney comme étant “A Disney Holiday Short : The Boy & The Octopus” fait mouche. 

Commençons par ce qui nous frappe : Disney appelle ça un “Holiday Short”, classant ainsi ce spot dans la myriade de ses mini-histoires de Noël. Un classique pour le géant de l’imaginaire, oui, mais surtout, une façon habile d’ancrer l’idée qu’ils sont avant tout pourvoyeurs de récit. Enfin, eux, ils appellent ça des “rêves”, mais on y reviendra. 

Et l’expression “short story” n’est vraiment pas volée, car, en effet, The Boy & The Octopus raconte bien une histoire. Celle d’un garçon très curieux qui fait la rencontre d’une petite pieuvre plus curieuse encore. Se liant d’amitié l’un et l’autre, ils explorent le petit monde du garçon, jusqu’à ce qu’Octopus souhaite visiter le reste du monde… cette fois, avec le Père Noël.

Comment est conçue cette histoire ? 


Vous le savez déjà si vous suivez StoryPunk et avez déjà parcouru nos ressources (plus encore si vous avez déjà lu le livre “Le pouvoir du storytelling”), mais une histoire est nécessairement construite en 3 actes ! 

Début, milieu, fin. Qu’on peut résumer ainsi : 

schéma du schéma narratif en montagne exemple storytelling et histoires

On pourrait vous parler du pitch Pixar et autres structures en 8 à 12 étapes, mais ça serait une perte de temps : en fin de compte, en storytelling ou en création d’histoires, il y a toujours trois temps. Parfois quatre, si on veut faire une surprise. 

  • Ici, nous avons en situation initiale un enfant curieux qui fait de la plongée à la plage. 
  • Quand, soudain (élément perturbateur), il fait la rencontre d’une petite pieuvre.
  • Il essaie de s’en séparer et ne trouve pas cela agréable, 
  • Mais finit par devenir ami avec elle et commence à répondre à sa soif de connaissance. 
  • Ensemble, ils expérimentent, s’adaptent. (Tout ça, ce sont les péripéties, vous l’avez deviné), 
  • L’enfant va même jusqu’à lui confectionner un bonnet pour que la pieuvre l’accompagne en toute sécurité et discrétion. 
  • Et puis, un beau jour, cette dernière souhaite faire le tour du monde avec le Père Noël, (début de la résolution), 
  • Alors, l’enfant et elle préparent les gâteaux et le dessin pour bien expliquer le projet…
  • Le Père Noël tombe dessus, et la pieuvre s’envole avec lui vers de nouvelles aventures (situation finale). 

L’enfant est retourné à son stade originel, c’est-à-dire sans la pieuvre, mais riche de ces nouvelles expériences. Quant à la pieuvre en elle-même, ce n’est qu’un nouveau rebondissement dans son propre voyage du héros. 

Ici, le conflit est résumé par le choix de la musique : “Part of your world” de la Petite Sirène. Une chanson qui parle précisément du fait d’avoir envie de “parcourir le monde” et de trouver toutes les réponses à ses questions. 

Et cela concerne aussi bien la petite pieuvre que le garçon. Elle, elle sort de son milieu pour explorer. Lui, il sort de sa solitude (semble-t-il) pour partager ce qu’il découvre. Mais vous commencez à voir que le thème principal, qui est universel (le voyage) est aussi un des préférés de Disney.

Pourquoi ce spot publicitaire fonctionne ?


Parce que Disney applique une recette maîtrisée : de l’émotion, de la nostalgie, du rêve. 

Et le rêve, c’est précisément ce que vend cette marque, et ce depuis des années. La musique-signature de Disney est celle du souhait dans Pinocchio. Les parcs Disneylands ont pour slogan “The Place Where Dreams Come True”. (Attention les yeux)

Mickey Mouse PNG

Le rêve, autrement dit le subtile mélange entre le désir et l’espoir, est un puissant moteur narratif. Et l’enfant qui nous est présenté n’est rien d’autre que l’enfant que nous étions, que nous avons (si on est parent) et qui sommeille encore en nous. C’est une figure universelle. 

Surtout lorsque ce dernier joue avec un sabre laser, référence à StarWars qui appartient désormais à Disney et qui est devenu transgénérationnel. Lorsqu’il joue aux une figurine de Buzz L’éclair, qui là aussi fait référence à plusieurs générations. Ou encore lorsque la musique en question est une référence connue depuis plus de 30 ans.

Ainsi, quelque part, de cet enfant, qui retrouve un peu cette jolie sensation en accompagnant son nouvel ami. Un peu comme lorsque nous, parents, accompagnons nos enfants vers la découverte du monde. 

Un monde que Disney nous invite à regarder “à travers ses yeux”. La petite pieuvre se cache au chaud dans un bonnet Mickey que le jeune garçon aura pris soin d’adapter. En effet, il découpe les yeux de Mickey pour que son ami puisse voir à travers. 

Qu’est-ce que Disney veut qu’on retienne ? 


  • Qu’ils permettent aux enfants de s’épanouir. 
  • De découvrir le monde. 
  • Qu’ils permettent aux enfants de réaliser leurs rêves. 
  • Et qu’il faut nourrir cela. 
  • Que Disney enrichit le monde et les imaginaires de ses histoires (cf : la quantité d’objets-références aux univers de la marque dans la chambre)

La chambre de l’enfant est pleine de trophés, nous montrant bien qu’il s’agit d’un enfant qui “réussit”, futur adulte à la vie “pleine de succès”. Une vie de rêve qui… “commence avec un rêve.”

Un storytelling à l’américaine qui, mondialisation oblige, résonne puissamment !

Simple, efficace, comme Disney sait si bien faire !


Une histoire, qui repose sur des éléments narratifs universels, saupoudrés par des références qui ont bercé nos enfances, et le tout, servi par une musique avec un climax très puissant. 

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